Ysabel de Guy Gavriel Kay

Le chant des grillons, l’odeur de la lavande, le vert éblouissant du printemps.

C’est avec un mélange d’espoir et d’appréhension que je me suis lancée dans le dernier roman de Guy Gavriel Kay traduit en français : Ysabel. De l’espoir parce que Guy Gavriel Kay est un fabuleux écrivain. De l’appréhension parce que son roman est très différent de tous les autres et qu’il en aurait déçu quelques uns.

Déjà je savais à quoi m’attendre : cette fois ci, pas de monde détourné, pas de personnage historique réinventé. L’histoire se passe à Aix-en-Provence et à notre époque. A première vue, la nostalgie poétique qui caractérise ses autres romans est moins présente. Et pourtant…

Immédiatement je me suis sentie transportée. Les beautés de la Provence semblent se déployer sous mes yeux. Je me retrouve dans ce lieu que je ne connais pas.

C’est donc à notre époque que le jeune Ned accompagne son père dans l’un de ses voyages professionnels à Aix-en-Provence. Accompagné de ses trois assistants, Greg, Steve et Mélanie, Edward Marriner, illustre photographe, a été engagé pour réaliser un livre sur les lieux historiques de la Provence.  Pendant que son père est occupé à trouver les meilleurs points de vue, Ned fait la connaissance de Kate, une jeune américaine venue en voyage linguistique en France. C’est dans la cathédrale d’Aix qu’ils feront la rencontre d’un mystérieux inconnu au comportement plutôt étrange. L’histoire aurait pu s’arrêter là, si Ned ne s’était pas découvert l’étrange capacité de repérer mentalement certains individus. Les voilà alors plongés dans une mystérieuse épopée où ils côtoieront des fantômes vieux de deux milles ans.

Comme à son habitude, GGK nous révèle peu à peu les pans de son intrigue. Il nous laisse le temps de nous envelopper de ce monde pour mieux nous en imprégner. Il mélange avec brio les éléments historiques avec le monde actuel, pour retrouver les traces d’un passé toujours présent. Indéniablement, le talent de Guy Gavriel Kay est là. Il nous transporte, nous accroche et nous emmène là où on ne l’attendait pas. Mais peut-on véritablement reprocher à un auteur d’avoir voulu faire quelque chose de radicalement différent? Et finalement, comment ne pas adorer ce roman alors qu’il s’agit de « la suite » de la Tapisserie de Fionavar… J’avoue, j’ai été longue à m’en rendre compte, ce sont les cheveux blancs qui m’ont mis sur la piste ! D’ailleurs, il faut noter que pour ceux qui n’auraient pas lu la tapisserie de Fionavar, il leur manquera certaines explications et notamment ce qui a pu être à l’origine des cheveux blancs de Kim. Je dois dire que c’est un peu dommage.

Malgré tout, au fur et à mesure de l’histoire on retrouve les marques de fabrique de GGK. Toujours pas de manichéisme dans ce roman. On se dit pourtant qu’il serait tellement plus simple d’en détester un pour en adorer un autre. Mais non, GGK nous pousse à réfléchir sur l’humanité, les décision des uns, les conséquences sur les autres. Il n’y a pas de véritables méchants qui affrontent des adorables gentils. Il y a juste des Hommes avec leurs sensibilités, leurs espoirs et leurs faiblesses.

De même les éléments historiques qui caractérisent ses autres romans sont toujours présents, bien qu’exploités différemment. On en apprend beaucoup sur l’histoire de la Provence, sur les guerres que les celtes, les romains et les gaulois ont pu se livrer. C’est un vrai travail de recherche que l’auteur a livré pour élaborer ce roman. La petite note de l’auteur à la fin du livre nous laisse imaginer un Guy Gavriel Kay en père, en train de créer son histoire avec son fils, à la façon dont Ned et son père se lient dans leur quête.

En définitive, je craignais beaucoup en commençant ce roman, mais je ne suis pas déçue. Bien au contraire. J’ai d’ailleurs plus accroché à cette histoire qu’à son roman Le dernier Rayon du soleil. Je pense qu’il ne faut tout simplement pas s’attendre à du Guy Gavriel Kay « classique » : pas de multitude de personnages, pas de nostalgie poétique, pas d’intrigue politique ni même de grands actes qui marqueront l’histoire. Le roman en lui même est d’ailleurs plus abordable que d’autres : moins gros (je l’ai dévoré en trois jours) et le style est plus simple. S’il sera facilement estampillé jeunesse par certains il n’en demeure pas moins une très bonne lecture pour adulte.

C’est donc avec une grande fierté que je suis en mesure d’affirmer haut et fort que Guy Gavriel Kay est et reste un auteur admirable à l’origine de romans tout aussi merveilleux !

Lintje

Cet article est publié dans le cadre du Challenge Guy Gavriel Kay proposé par Merkillia :

Fiche technique : ALIRE, coll. Romans n° 109, 2007 480 pages, catégorie / prix : 15,95 $, ISBN : 978-289615-022-9

A noter que je n’ai pas pu commander ce roman en France, il a fallu le faire importer directement du Québec.

14 réflexions sur “Ysabel de Guy Gavriel Kay

  1.  » “la suite” de la Tapisserie de Fionavar… « … mais, mais, mais ! Personne ne me l’a dit oO C’est la première fois que je le lis. Et c’est dur de ne l’apprendre que maintenant, alors que la trilogie est chère à mon p’tit coeur.

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    • ahah, j’ai lu d’autres critiques et effectivement personne ne mentionne le lien ! C’est un véritable scandale ! Il fallait attendre qu’une vraie fan de GGK le lise pour en informer toute la blogosphère 😉 J’ai mis « la suite » entre guillemet parce que ce n’est pas la suite de l’histoire mais tu retrouves des personnages. Et d’ailleurs il parle de ce qui c’est passé il y a vingt ans sans jamais l’expliquer et ce qui c’est passé c’est ce fameux voyage à Fionavar…

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  3. Ca a été également une belle surprise pour moi. Je craignais beaucoup vu ce que tu m’avais dis avoir entendu sur ce livre mais finalement aucune déception. Tu peux te lancer dans sa lecture en toute quiétude!

    Maintenant je n’ai plus qu’à relire les premier GGK pour faire des articles dans le cadre du challenge.

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