La tresse de Lætitia Colombani

« Tresse : n.f. Assemblage de trois mèches, de trois brins entrelacés »

Trois mèches pour trois vies. Trois destins entrecroisés. Trois femmes. Trois combats.

Il y a d’abord Smita, cette indienne, intouchable. Une dalit qui chaque jour doit nettoyer les excréments, à la main, de ceux qui sont mieux naît qu’elle. Elle exècre ce métier humiliant que sa mère et sa grand mère ont fait avant elle. Mais si elle n’a pas pu échapper à son destin, elle rêve que sa fille, Lalita, n’ai jamais à mettre les mains dans la merde. Elle rêve que sa fille apprenne à lire et à écrire. Et si le gouvernement leur en a donné le droit, la société reste ancrée dans ses traditions millénaires, où les intouchables restent des sous hommes.

Giulia, est une jeune Sicilienne de 20 ans. Elle a quitté l’école à 16 ans pour travailler dans l’entreprise familiale, l’atelier qui fait la fierté de la famille Lanfredi depuis trois générations. Mais voila, sa vie est bouleversée le jour où son père a un accident avec sa vespa. Et alors que toute sa vie semble s’effondrer, Giulia rencontre Kamal, un jeune indien, sikh. Deux cultures, deux religions que tout oppose. Mais elle puisera sa force en lui pour tenter de sauver l’entreprise familiale.

Et puis il y a Sarah, canadienne, brillante avocate et associée du très réputé cabinet Johnson & Lockwood. Elle est ce que les magazines appellent une working-girl, it-girl ou wonder woman. Malgré ses trois enfants, elle mène une vie professionnelle au plus haut niveau, sacrifiant tout pour briller au cœur de ce monde d’hommes. Mais alors que tout semblait lui réussir et qu’un brillant avenir semblait être tout tracé, Sarah fait un malaise en pleine audience. Quelques jours plus tard, le verdict tombe, Sarah est gravement malade.

Alors, chacune à sa façon, va se relever. Avec sa force et son caractère, chacune devra livrer un combat pour échapper à un carcan dans laquelle on voudrait l’enfermer.

L’auteur nous livres trois vies que tout sépare. Trois sociétés aussi différentes que les femmes qui les incarnent. Giulia l’intrépide, Sarah la carriériste, Smita la révoltée.

Paragraphe après paragraphe, l’auteur nous raconte l’histoire de ces personnages. Le roman est court, simple, sobre. Mais très vite l’alchimie opère. On se lie à ces femmes, à leur sort. J’ai vibré avec elles, à chacune de leurs espérances, à chacune de leurs peurs. Je me suis attachée à chacune d’elles, malgré toutes leurs différences. Et si je ne me suis reconnues en aucunes d’elles, je ne me suis pas moins sentie investie par leur destinée.

Et chaque fois, j’ai trouvé de la beauté dans leurs larmes. De l’amour dans les décisions qu’elles seront amenées à prendre. Mais il y a aussi une mélancolie dans leur solitude. J’ai profondément aimé ces trois femmes, je les ai trouvé tellement belles pour tout ce qu’elles représentent. Peut être une petite affection particulière pour Smita, pour une vie si différente de la mienne, et pour ce combat contre toute une société qu’elle décide de mener pour l’amour de sa fille. Un amour si profondément marqué qu’il m’a ému.

C’est un roman plein d’espoir, emplis de tendresse malgré la dureté de leurs conditions. Ce fut pour moi un véritable coup de cœur. Alors j’ai dévoré ces pages, j’ai été happé par ce roman avec la conviction que ces trois femmes, si différentes les unes des autres, n’auraient sûrement rien à ce dire.  Et pourtant, cette tresse les unis, cette tresse que chacune d’elles constitue à sa façon Une tresse qui se noue dans un geste millénaire, pour former un ensemble, un tout qui reste gravé en nous.

Linetje

Fiche Technique : La tresse de Lætitia Colombani, Edition Grasset, coll. Le Livre de poche, ISBN 978-2-253-90656-8, 238 pages, 7,20€

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