Mes contes de Perrault de Tahar Ben Jelloun

Il faut parfois regarder la vie à travers des yeux d’enfant pour retrouver la beauté d’un monde ou redécouvrir un peu de cette magie qui imprègne chaque choses. C’est ce que Tahar Ben Jelloun nous invite à faire à travers son recueil de nouvelles Mes contes de Perrault. Et au fils des pages, j’ai replongé dans ces histoires de princes et princesses, de fées et de magie, dans ces mondes très manichéens où la vie favorise ceux qui font le bien.

« Tant que l’on raconte des histoires, il [Charles Perrault] est encore vivant. Si d’aventure on se mettait à douter, il tomberait dans l’oubli. »

Dans une ambiance digne des Milles et une nuit, l’auteur nous raconte ces histoires qui ont bercés notre enfance. De Cendrillon à Barbe Bleue en passant par la Belle au bois dormant, il réinvente ces contes que nous connaissons par cœur pour les réintégrer au cœur des pays arabo-musulmans. Et dans ce paysage de sables, chacun des personnages de Perrault voit son avatar prendre vie et se réadapter aux rites et mythes des enfants d’Orient.

mes contes de perrault

Ce n’est pas moins de 10 contes que Tahar Ben Jelloun réadapte dans son recueil : La belle au bois dormant – La petite à la burqa Rouge (Le Petit Chaperon rouge) – Barbe Bleue – Le Chat Botté – Les fées – Cendrillon – Hakim à la Houppe (Riquet à la Houppe) – Petit Poucet – Peau d’âne – Les souhaits inutiles.

Certains de ces contes sont l’occasion de se questionner sur les maux de notre société . A titre d’exemple, La Belle au Bois Dormant, devenue noire pendant son sommeil, devra affronter une belle-mère raciste remplie de préjugées. « Ma mère est persuadée que les Noirs ont été inventés par Dieu pour n’être que des esclaves ».

Le petit Chaperon Rouge, quant à elle, est obligée de se cacher sous une burqa afin de se protéger de la secte des barbus, « ces hommes vêtus de tuniques noire qui persécutaient les hommes qui ne fréquentaient pas assidument la mosquée et lapidaient les femmes qui osaient les défier en portant des tenues légères ».

Au fils des pages, Tahar Ben Jelloun distille des message de tolérance en y confondant des éléments de nos sociétés actuelles. Si le ton est faussement naïf, à l’image du style simpliste des Milles et une Nuit, il revêt pourtant certaines prises de position acerbes fasse à des injustices que l’auteur pointe du doigt, notamment face à certains pays musulmans. A l’image de Perrault en son temps, ces contes sont l’occasion d’offrir une autre vision de la société. Que l’on soit homme ou femme, beau ou moche, quelque soit ses croyances, c’est avant tout la justice et la bonté de l’humanité qui est récompensée.

Mais au delà de tout, c’est l’humour de Tahar Ben Jelloun qui m’a profondément séduite. Sa façon très personnelle de repenser chacun de ces illustres contes pour en faire une histoire à la fois drôle, et piquante. C’est sans conteste La Petite à la burqa Rouge qui illustre le mieux ce sentiment. Drôle, vif, mais aussi engagé, Tahar Ben Jelloun s’efforce d’aller à l’encontre de cette image trop stricte que l’on voudrait trop souvent donner aux pays musulmans. Alors il pimente chacun des contes d’une touche d’humour parfois cinglant qui m’a ravi.

C’est en définitive un très bel hommage que Tahar Ben Jelloun à rendu à Charles Perrault , en reprenant à son compte quelques-uns de ses plus illustres contes.

Linetje

Fiche technique : Mes Contes de Perrault de Tahar Ben Jelloun ; Ed. du Seuil; ISBN : 978-2-02-116226-4; 2014; 300 pages, 19€

Cet article est publié dans le cadre du challenge des Cinq continents proposé par drussnaga sur Livraddict

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2 réflexions sur “Mes contes de Perrault de Tahar Ben Jelloun

  1. Aaaah ! J’ai lu ce livre pour mon mémoire (j’étudie différentes réécritures du conte de Cendrillon) !
    Serais-tu d’accord si je te cite dans mon mémoire ? (ce n’est pas sûr que je le fasse, mais peut-être, il y a deux phrases que tu as écrites que j’aime beaucoup)

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